PREFALIM

PREFALIM étudiera comment les changements de comportements et de préférences alimentaires peuvent réduire les émissions de GES agricoles et renforcer le stockage de carbone dans les sols.

Deux leviers doivent être mobilisés pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 : une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES), et le développement du stockage du carbone. Dans ce contexte, le projet PREFALIM étudiera comment les changements de comportements et de préférences alimentaires peuvent réduire les émissions de GES agricoles et renforcer le stockage de carbone dans les sols. Dans une large mesure, la question des préférences alimentaires reste un angle mort des travaux d'évaluation des options d'atténuation du changement climatique. Or, les préférences des consommateurs apparaissent comme un obstacle aux évolutions souhaitables de la production agricole et de l’élevage. Elles sont également un obstacle à la mise en place de politiques de « prix du carbone » qui, en augmentant les prix alimentaires, génèrent des pertes de bien-être importantes pour le consommateur, avec de larges effets redistributifs en défaveur des plus pauvres, et des impacts politiques potentiellement déstabilisants pour les Etats. Cependant, ces pertes de bien-être seront atténuées si les préférences des consommateurs évoluent vers des régimes alimentaires à plus faible impact carbone. PREFALIM abordera cette question de recherche en caractérisant les liens entre les préférences alimentaires et les préoccupations environnementales des consommateurs, et en identifiant la capacité des politiques publiques à aligner les premières avec les secondes. Nous analyserons les conséquences de changements de préférences alimentaires sur la demande et le commerce alimentaire, et sur l'offre agricole (cultures et élevage), ainsi que les effets induits sur l'utilisation des terres et sur l'environnement. Comprendre la malléabilité des préférences alimentaires est également crucial pour évaluer les conséquences en termes de bien-être et de redistribution d'une transition vers des régimes alimentaires décarbonés. Pour atteindre ces objectifs scientifiques, PREFALIM lèvera plusieurs barrières conceptuelles et empiriques dans la modélisation de la demande alimentaire et de la production agricole, la mesure du bien-être des consommateurs et la modélisation biophysique des impacts environnementaux. Les analyses combineront diverses méthodes et modèles quantitatifs, appliqués à des données collectées à différentes échelles spatio-temporelles (des ménages français observés ces dernières années aux pays observés au cours des dernières décennies). L’objectif final est d’analyser le rôle des préférences alimentaires dans la transition carbone du secteur alimentaire, selon différents scénarios politiques. Nous procéderons également à des analyses de sensibilité des résultats à des variations de structures économique et démographique mondiales, et de risques environnementaux et socio-économiques Au niveau national, les résultats éclaireront l'analyse coût-efficacité des options politiques ciblant les préférences des consommateurs, et/ou augmentant le prix du carbone comme le recommande le rapport Quinet (2019) ou la stratégie nationale bas-carbone. Au niveau international, les résultats aideront à la conception des politiques publiques, européennes et mondiales, dans le contexte des objectifs climatiques du Green Deal et des accords internationaux négociés dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (e.g. COP 28 UAE « Declaration on sustainable agriculture, resilient food systems, and climate action »). Nos travaux fourniront également des moyens d'atténuer les inégalités liées à l'alimentation, qui devraient continuer de croître au sein des pays et entre eux.