Louis Decline : Analyse exploratoire et statistique des données de flux et mise en applications sur les premières données collectées en Guyane.

Louis Decline 

• Ingénieur agronome en appui à la mesure des flux de gaz atmosphériques en prairie (tour à flux)
• 5 semaines / 1mois 
• Origine : CIRAD-SELMET, Campus agronomique de KOUROU
• Destination : INRAE-UREP, Site de Crouel , UMR HydroSciences Montpellier (UM-CNRS-IRD)
• Liens avec FairCarboN : Axe 1 : Continuum terre-zone côtière-atmosphère / Projet / RIFT / ALAMOD

Résumé de la mission 

Mobilité scientifique RIFT : Analyse exploratoire et statistique des données de flux : acquisition auprès des partenaires et du constructeur des compétences techniques et pratiques (outils et méthodes) et mise en applications sur les premières données collectées en Guyane.

Je candidate à l'appel à mobilité internationale FairCarboN 2026 car je souhaiterais profiter de cette opportunité pour continuer à me former sur les dispositifs tours à flux et travailler de nouveau avec nos collaborateurs en France métropolitaine. Je serai le responsable de la tour à flux en prairie située en Guyane française, faisant partie du projet RIFT, jusqu'en 2028. 
En janvier 2025, au début de ma prise de poste, j'ai effectué un séjour de 6 jours auprès de nos collaborateurs de l'UREP Clermont-Ferrand (INRAE), spécialiste des tours à flux dans les écosystèmes prairiaux pâturés. Ce séjour m'a permis de connaître les enjeux que représentent les tours à flux et la mesure des flux atmosphériques de GES. J'ai reçu une formation sur les dispositifs tours à flux, sur le paramétrage, le montage d'une tour et sur la nature des données collectées (flux de turbulences) et la complémentarité des différents équipements (capteurs). 

Mon projet de mobilité comprend 3 volets : 

1er volet : Introduction et formation à la méthode d'Eddy Covariance par des experts scientifiques 
La commande de la tour à flux en Guyane a intégralement été effectuée auprès de l'entreprise LI-COR. Cette entreprise possède une gamme d'instruments d'analyses et logiciels spécialisés dans la méthode d'Eddy Covariance, qui est la méthode la plus précise et exacte pour mesurer les flux des écosystèmes. Les systèmes LI-COR sont largement utilisés dans le monde entier et cités dans plus de plus de 9 000 publications scientifiques. 
Plusieurs fois par an, LI-COR propose des formations gratuites (basiques et avancées) effectuées par des scientifiques spécialisés sur leur produit (capteurs, instruments, logiciel) et leur utilisation dans l'analyse des flux de GES dans les écosystèmes. La formation que j'ai identifiée aura lieu en Angleterre, en mars 2026, et se tiendra sur 3 jours, couvrant la théorie fondamentale, le matériel, les logiciels et l'analyse des données. Cette formation constitue pour moi une réelle opportunité pour accroître mes connaissances sur le fonctionnement des instruments, l'extraction, la validation et l'analyse des données (post-traitement, gapfilling, flux, bilan…). 

2 ème volet : formation pratique sur les données collectées en Guyane en collaboration avec l’UREP 
Après avoir été formé au paramétrage et au montage d'une tour à flux par les collaborateurs de l’UREP, en préalable à mon embauche (janvier 2025), j'aimerais approfondir et mettre en pratique avec eux le traitement et l'analyse des données. L’UREP utilise sur ses propres parcelles de prairie le même type de capteurs et les mêmes logiciels que ceux que nous avons acquis. Le séjour à l’UREP me permettra d’affiner mes connaissances sur l’utilisation des logiciels d’analyse des données de flux et de les mettre en application sur les premières données qui auront été collectées par notre tour à flux en Guyane. Le séjour sera également l'occasion de revisiter les données qui ont été collectées entre 2011 et 2019 par la tour à flux précédemment installée sur la même parcelle de prairie. L'examen et la validation des données en préalable à l'analyse constitueront un des aspects importants de la formation. La valorisation des premiers résultats disponibles via une première publication scientifique sera également abordée. 
L'analyse et l'interprétation des flux atmosphériques dans une prairie reposent également sur des analyses complémentaires sur les paramètres du sol, les biomasses aérienne et souterraine ainsi que la composition floristique. Le site d’implantation de la tour à flux est également une des parcelles de prairie pilote du volet Guyane du projet ALAMOD. Ce projet traite de la dynamique des stocks de carbone dans les sols guyanais. De nombreux paramètres sont mesurés : structure, texture et composition biochimique du sol, teneurs du sol en isotope du carbone et azote, activité microbienne et macrofaune du sol, composition floristique, biomasse aérienne et racinaire, et les modes de conduite des parcelles par les éleveurs. Ces données permettront d'interpréter avec plus de précision les flux atmosphériques et d'effectuer une analyse globale des bilans carbone de la prairie étudiée. L’UREP est l’unité de référence au niveau national sur les émissions de GES et sur la modélisation biogéochimique de l’écosystème prairial. Le séjour à l’UREP me permettra de voir comment sont confrontées et interprétées les données sur la variation spatio-temporelle du carbone du sol et des couverts végétaux et les données de flux atmosphérique. Ces échanges nous permettront d’aborder également les spécificités des activités et des mesures liées à un environnement tropical. 

3 ème volet : renforcement du partenariat et des liens de collaboration 
Je souhaiterais effectuer un séjour d'une semaine au sein d'une autre équipe en France spécialisée en dispositif tour à flux. Durant cette semaine, je serai accueilli au sein de l'UMR HydroSciences Montpellier (UM-CNRS-IRD) par Chloé OLLIVIER, PI du GT1 de Rift. J'aurai l'opportunité de visiter les 3 stations de flux de la région Montpellieraine appartenant aux réseaux OZCAR (site de Ceyrac) et ICOS (site de Puechabon et site de Fontblanche) qui sont en connexion entre les projets RIFT et Drought ForC, financés par FairCarboN. 
Ce séjour me permettra d’échanger et discuter avec les équipes scientifiques sur une autre approche de mesure des flux atmosphériques, dans d'autres écosystèmes comme les milieux forestiers méditerranéens et avec des problématiques différentes (transferts d’énergie et d’eau à l’interface Surface-Atmosphère). Cela me donnera l'occasion de découvrir l'application de la méthode Eddy Covariance sur des écosystèmes continentaux et méditerranéens, découvrir une autre façon de traiter des données des flux atmosphériques et renforcer et diversifier des partenariats et des liens de collaboration, en lien avec le réseau en RIFT. Nous avons en Guyane comme ambition d'intégrer notre site dans des réseaux scientifiques (dont ICOS). La visite de 3 sites d'études faisant partie de réseaux scientifiques depuis de nombreuses années me donnera l'occasion de recueillir des retours d'expérience sur leurs attentes et leurs exigences, le volume de travail que cela implique et les bénéfices que cela apporte au site d'étude. 


Plus-value 
En Guyane, les formations à l'analyse des données de flux sont inexistantes. L'UMR ECOFOG en Guyane, avec laquelle nous collaborons sur RIFT, gère une tour à flux installée en forêt naturelle depuis 2003 à Paracou. Les tours en forêt et en prairie diffèrent sur plusieurs points (couvert végétal, surface de la zone d'empreinte, disposition et nombre de capteurs, analyses des flux et données complémentaires différentes). De plus, nous ne possédons pas le même matériel que nos collaborateurs guyanais et n'utilisons pas les mêmes logiciels. L'éloignement géographique avec nos collaborateurs de métropole et l'isolement de la Guyane nous rend dépendants de l'expertise et des échanges avec nos collaborateurs de l'UREP. Dans ce contexte, la formation de haut niveau par les experts de la société LI-COR, ainsi que l'expérience et l'expertise de nos collègues de l'UREP sur les émissions de flux dans les couverts herbacés constituent pour nous les plus-values du projet. La mobilité permettra : (i) Une formation de haut niveau et une montée en compétence, d'un point de vue technique et pratique, sur la connaissance des équipements, la gestion des données (post-traitement, gapfilling), leur analyse et leur valorisation, et l'élaboration de données de flux à différentes échelles temporelles. (ii) L'acquisition d'une autonomie indispensable pour notre équipe dans le contexte de la Guyane. 
La mobilité permettra également de renforcer les liens de collaboration avec nos collègues de l'UREP et d'initier des échanges techniques et scientifiques avec d'autres équipes de recherche (UMR Hydrosciences Montpellier) travaillant sur les flux atmosphériques dans les agroécosystèmes, en abordant notamment des questions sur les spécificités zones tempérées / zones tropicales (zones géographiques où les données de flux sont encore très peu nombreuses), la labellisation des dispositifs de mesure dans les réseaux internationaux, ou la construction d'une animation scientifique partagée. A terme, le but est d’être autonome et capable d’effectuer ces analyses en routine, afin de devenir un point de référence pour la communauté scientifique dans une région où cette technologie est peu présente. Nos équipements étant récents, nous contribuons, via des échanges avec la communauté scientifique travaillant sur les flux de GES, à faire connaître les nouveaux équipements, logiciels et méthodes d'analyses.